Comme chez les recruteurs, près de 4 candidats sur 10 verraient dans l’intelligence artificielle un moyen de gagner du temps. Mais une majorité déplore aussi une forme de déshumanisation…
Que ce soit à travers une automatisation robotisée des processus (RPA) dans le traitement des CV, des algorithmes prédictifs ou des chatbots et autres assistants numériques, l’intelligence artificielle(IA) est devenue l’assistante virtuelle des directions des ressources humaines. Dans son dernier livre blanc sur le recrutement dédié à l’innovation, publié en 2020, le cabinet Robert Walters rapporte que 41 % des recruteurs y voient un gain de temps et/ou un gain d’argent pour eux. De leur côté, 39 % des candidats, soit quasiment autant, adhéreraient à ce constat.
Intelligence artificielle, du matching aux chatbots
Le premier contact d’un candidat avec l’intelligence artificielle se produit souvent dès sa recherche d’emploi en ligne. De nouvelles applications, parfois même de son téléphone, promettent ainsi un « matching » heureux entre prérequis et compétences, c’est-à-dire des suggestions d’annonces personnalisées en fonction du profil, voire l’endroit où l’on habite. Selon le cabinet Robert Walters, 44 % des candidats consultent ces sites. Il s’agit en majorité des profils spécialisés en informatique et digital ( 51 %), suivis par les candidats en production industrielle et qualité (48 %), puis de ceux spécialisés en commercial, marketing et communication (46 %).
Une fois identifiés, ces candidats engageront parfois le contact via des chatbots, aussi appelés parfois « assistants numériques ». Si le tout premier, baptisé Eliza, date de 1966, ces « agents conversationnels » ont fait de grands progrès depuis. « Pour l’employeur comme pour le candidat, leur qualité première est de pouvoir interagir 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 », reconnaît Emmanuel Stanislas, fondateur du cabinet de recrutement Clémentine ayant lui-même testé plusieurs solutions. C’est un confort non négligeable pour un candidat qui peut ainsi postuler sans se déplacer, tranquillement, et en dehors des heures de bureau s’il est déjà en poste. « Si ces applications ont été bien été configurées, elles peuvent permettre de faire remonter certains profils, libérés de certains préjugés, poursuit notre expert. Mais selon la programmation, l’intelligence artificielle peut casser des biais comme elle peut les renforcer… »
Être « chassé » par un robot
Que change l’intelligence artificielle pour les candidats ? Dans le meilleur des cas, elle peut leur faire gagner du temps, voire découvrir des opportunités insoupçonnées. « Elle n’est pas vécue de la même manière selon que l’on cherche ou pas un nouveau poste », ajoute Emmanuel Stanislas. 18 % des candidats interrogés par le cabinet Robert Walters voient dans ces nouveaux outils des moyens de ne pas rater une opportunité. De son côté, l’intelligence artificielle, basée sur le big data et les signaux sociaux, notamment, permet aux employeurs de « chasser », des profils pas forcément en veille. À charge cependant pour ces profils, d’avoir toujours un CV en ligne à jour avec les mots-clés les plus percutants pour être repérés.
Mais la technologie garde ses limites, 62 % des candidats craignent une certaine déshumanisation du processus. Jusqu’où ira l’IA ? Techniquement, la réalité virtuelle promet de nouvelles expériences. « Mais à un moment, il faut que l’humain reprenne la main, ne serait-ce que pour mesurer certains soft skills des candidats », insiste Emmanuel Stanislas. Gagner du temps, oui. Perdre en relation humaine, non…