Selon une étude du cabinet Hays, 71% des cabinets d’audit et d’experts-comptables recrutent cette année. Avec une tendance à des compétences nouvelles: culture digitale et soft skills…
Preuve qu’il a bien surmonté la crise, le secteur de l’audit et de l’expertise comptable recrute encore et toujours. « En 2016, nous observons toujours des pénuries de talents dans (ces) métiers », observe Ludovic Bessière, national business director pour Hays France & Luxembourg, en préambule de la dernière étude du cabinet sur le marché du recrutement dans le secteur. Selon son dernier rapport, 71 % des cabinets d’audit et d’experts-comptables ont l’intention de recruter cette année. Mais pas n’importe qui. « Il est nécessaire pour chaque cabinet voulant tirer son épingle du jeu d’identifier non seulement des collaborateurs ayant la vocation et l’intérêt du métier, mais aussi les aptitudes indispensables pour faire face aux enjeux de la mutation du secteur », précise l’enquête.
Recrutement : le savoir-être reconnu comme une compétence
Globalement, les employeurs déclarent recruter pour la majorité entre 2 et 5 personnes, en particulier dans la région Sud-Est plus impactée que les autres par les départs à la retraite. Et, cette année encore, ils privilégieront des profils rapidement opérationnels, avec une préférence pour des candidats ayant choisi la voie du contrat d’apprentissage. Jean Chenebeau, associé au cabinet d’expert-comptable toulousain ACG, membre du groupement France Défi, confirme ces résultats. En charge du recrutement, il évoque trois postes ouverts cette année. « Nous recrutons a minima une personne par an, résume-t-il. Nous choisissons nos collaborateurs en fonction de leur niveau d’étude mais pas seulement. » Avec le temps, ce professionnel reconnaît s’intéresser davantage au « savoir-être » et à la motivation des postulants. « Nous venons d’embaucher une excellente candidate avec une formation de biologiste. Elle n’était pas épanouie professionnellement et nous a convaincus de l’accompagner dans sa reconversion professionnelle via un contrat d’apprentissage. » Un investissement long mais payant. « Il y a de toutes façons une période d’intégration à prendre en compte. Et, surtout, nous avons été sensibles à sa vivacité, sa curiosité et sa rigueur. »
Une agilité digitale indispensable
« Lorsque nous proposons des candidatures, nous nous attachons à mettre en avant toutes les compétences dites « soft skills » permettant un lien plus proche avec les clients dans une économie mouvante », ajoute Ludovic Bessière. Mais cet expert évoque également une aisance digitale devenue indispensable. « Je recherche en effet des profils qui ne sont pas ancrés dans des réflexes préétablis de culture comptable », abonde Philippe Guermeur, directeur associé chez 3G Gadras à Bordeaux et Président de France Défi. Lui aussi est en recrutement permanent. « Nous recherchons une forme d’agilité, notamment digitale. D’expérience, c’est plus naturel chez les profils de jeunes diplômés, moins « pollués » par certaines habitudes et sans formatage sur la façon de traiter un dossier. »
Des actions de fidélisation
De leur côté, 26% des « collaborateurs » (dont 85% à leur initiative) indiquent avoir changé de cabinet depuis juin 2015. Mais ils étaient 29% dans l’enquête précédente. 2015 semble encore confirmer cette tendance et démontrer que les efforts de management et d’actions de fidélisation portent leurs fruits. « La fidélisation est un sujet essentiel, confirme Philippe Guermeur. Nous accompagnons beaucoup nos nouveaux collaborateurs pendant leur première année en poste. Loin de perdre du temps, nous gagnons trois mois dans l’efficacité de l’intégration de ces recrues.» et d’ajouter qu’il demande toujours à ses nouvelles recrues un « rapport d’étonnement » pour vérifier que le poste correspond bien à leurs attentes. « C’est bon pour l’ambiance générale et tout le monde en profite. »