Le saviez-vous ? À sa manière, le corps dit tout haut ce que la tête pense tout bas. Ce « lexique » de gestes peut permettre de saisir les états d’âme ou doutes de ses interlocuteurs. Utile pour certains candidats…
Pour certains, 93% de notre communication serait non verbale. On doit cette idée à des travaux du psychologue américain Albert Mehrabian, publiés en 1967. « En chiffres, il établit alors à partir d’une expérience que, au cours d’une conversation, 55% de la communication est visuelle (langage corporel), 38% est vocale (intonation et son de la voix) et 7% seulement est verbale », explique le spécialiste en communication Philippe Turchet dans son dernier ouvrage, Le grand livre de la synergologie : décoder le langage corporel pour améliorer la relation (Éditions de l’Homme). Si pour l’auteur, ces chiffres sont sans doute un peu exagérés, un constat reste essentiel : le corps dit tout haut ce que la tête pense tout bas…
Si un interlocuteur se pince le nez…
Voilà maintenant vingt ans que la synergologie, c’est-à-dire l’art de décrypter le langage du corps, se développe en entreprise. Avez-vous été convaincant ? Observez attentivement votre collaborateur et vous saurez. S’il penche la tête vers la gauche, c’est qu’il est détendu et potentiellement bien disposé. Mais si sa tête penche du côté droit, c’est l’hémisphère gauche du cerveau qui travaille, signe que vous devrez déployer un argumentaire plus solide pour le convaincre.
« Plus de 80 % de nos échanges passent par des canaux non-verbaux », confirme Martine Hermann, spécialiste du langage corporel et formatrice en synergologie. Regardez votre interlocuteur dans les yeux. Il y a un petit muscle sous l’œil qui se contracte quand on est bien. Or, si vous commencez à apercevoir le blanc de l’œil, c’est qu’il cacherait quelque chose. De même, une petite tension au niveau des épaules est le signe qu’une personne n’est pas à l’aise. « Même si c’est une science, on peut apprendre quelques astuces simples lors d’un stage ou dans les livres, poursuit cette experte. Par exemple, si un interlocuteur se pince les ailes du nez, c’est le signe qu’il ne “sent pas” ce que vous lui dites. Ce sont des indices qui peuvent vous aider à moduler votre argumentation. »
Observer sans tricher
Si votre interlocuteur est formé ou observateur, beaucoup de gestes risquent donc de vous trahir en entretien. Est-ce à dire que vous devez essayer de vous contrôler ? Pas forcément. « Un individu ne peut pas tricher, insiste Martine Herrmann. Pire, c’est contre-productif. Essayez de formater votre discours avec des silences et des regards faussement appuyés et cela donnera au contraire une impression de mensonge. » Selon cette spécialiste, un candidat peut surtout s’inspirer de la synergologie… pour observer son recruteur. Un corps penché vers l’avant est un signe d’ouverture, d’intérêt, alors qu’une personne enfoncée dans son fauteuil s’ennuie. Si vous remarquez une micro démangeaison entre le nez et la bouche chez quelqu’un qui parle, c’est peut-être le signe qu’il ne dit pas toute la vérité. Et chez celui qui écoute, le signe d’un doute sur la véracité de ce qu’il entend… « Et si on a quelques bases et qu’on décrypte un ennui ou un doute chez l’autre, il faut surtout s’en servir pour relancer la conversation en lui proposant un complément d’information. » Bien vu, non ?