Qu’il s’agisse de répondre à une offre d’emploi ou d’explorer le marché caché, il peut être intéressant de prendre quelques « raccourcis ». Autrement dit : contacter un manager sans passer par la case RH.
Elle nous a spontanément répondu un grand « oui » en apprenant le thème de cet article. « Cela fait une dizaine d’années que je suis spécialiste en insertion professionnelle et c’est systématiquement le conseil que je donne, commente Elise Oudiné. En effet, j’estime à 80, voire 90 %, la proportion de contrats de travail qui se signent en empruntant des chemins détournés. »
Sauter un échelon dans le processus
Cas de figure classique exposé à notre experte : la parution d’une annonce qui intéresse un candidat. « Ce n’est pas le scénario idéal, car les réponses vont affluer. » Raison de plus pour emprunter un chemin détourné sans répondre tout de suite à l’adresse générique souvent proposée dans les offres. « Sauf s’il s’agit d’un poste dans le domaine des ressources humaines, la décision finale ne se prendra jamais à ce niveau-là, mais après consultation avec les manageurs. » Il s’agit dès lors, pour mettre toutes les chances de son côté, de sauter un échelon pour imprimer son nom et sa marque autrement dans le processus de recrutement.
« Même si on ne connaît pas le manageur en question, il faut partir du principe
que toutes les informations sont aujourd’hui à notre disposition sur Internet », assure Elise Oudiné. Idéalement, ce nom sera communiqué par quelqu’un de son réseau dont on pourra se recommander au moment de la prise de contact. « Mais sinon, on trouve facilement des adresses mail dans des organigrammes, des annuaires professionnels ou sur LinkedIn. » À charge, alors, pour le candidat d’établir une première prise de contact. « Il s’agit d’envoyer un bref message, non pas pour répondre à l’annonce, mais pour se poser comme un éventuel futur collaborateur avec quelques questions pratiques à poser sur le métier et le secteur. Il y a peu de chances que le manageur réponde immédiatement, mais il aura plus facilement enregistré le nom du candidat quand il le rappellera. »
Préparer un pitch de trois minutes
Car il faut rappeler dans les deux ou trois jours, c’est essentiel. « C’est ce pitch qu’il faut avoir travaillé, insiste notre coach, co-autrice du guide (Re)devenez acteur de votre recherche d’emploi ! (éd. Diateino). Il ne faut pas avoir peur de déranger avec un coup de téléphone, mais être très prêt dans son discours. En trois minutes, il faut pouvoir dire qui on est, pourquoi on appelle, et surtout se positionner en futur collaborateur avec des questions très ciblées sur le profil demandé et l’environnement de travail. »
L’intérêt d’un tel échange est de gagner du temps. Le candidat peut très bien s’apercevoir qu’il ne fait pas l’affaire ou qu’il n’est pas intéressé. Mais à l’inverse, il pourra quasiment sauter une étape. « En effet, il est alors possible de renvoyer son CV aux ressources humaines en précisant dans sa candidature que l’on s’est déjà entretenu avec l’un des potentiels décisionnaires. Et donc rester dans la course. »
Idéalement, toutefois, il ne faut pas attendre la parution d’une annonce pour se manifester auprès d’un manageur. « Si l’on veut trouver un poste ou bouger, tout passe essentiellement par le marché caché, rappelle Elise Oudiné. Il faut alors établir une liste de ses sociétés idéales et aller à la rencontre de ces manageurs. » Que cela fonctionne ou pas, le candidat n’a rien à perdre. « Au pire, il gagnera juste un nouveau profil intéressant dans son réseau. »