DRH du cabinet savoyard MG Group, Sandrine Champetier apprécie la philosophie du groupement France Défi autour de sa fonction. En vingt ans de carrière, elle a vu les RH évoluer et se réjouit de ce tournant.
Dans les entreprises adhérentes de France Défi, on préfère parler de « richesses » que de « ressources humaines ». Cette nuance vous parle-t-elle ?
Oui, car c’est une réalité dans beaucoup d’entreprises. La fonction RH a été perçue pendant des années comme liée à l’administration du personnel ou à la gestion des compétences, jusqu’à en oublier parfois le sens premier de notre métier qui doit être, sans être naïf, d’aimer les gens et de les aider à grandir, dans leur intérêt et celui de l’entreprise. Nous parlons volontiers aujourd’hui de « remettre de l’humain » au centre de l’entreprise. Or, il en a toujours fait partie ! Heureusement nous sommes en train de le redécouvrir.
Selon l’enquête «Les RH au quotidien » réalisée par les éditions Tissot en 2019, 74 % des DRH auraient choisi leur métier pour sa dimension humaine et 65 % déploreraient que le métier se complexifie…
C’est vrai. J’exerce cette fonction depuis vingt ans et j’ai vu les entreprises reléguer cette fonction à des questions administratives ou de droit social. Sans surprise, le DRH était aussi souvent perçu comme tout sauf humain par les collaborateurs. Or aujourd’hui, avec tous les changements sociétaux et la place croissante du numérique dans l’entreprise, nous nous apercevons que nous avons encore plus besoin de la dimension humaine de cette fonction pour créer du lien dans le changement et remettre du sens dans le travail. Pour cela, il n’y a pas d’autre solution que de passer du temps avec les collaborateurs pour connaître leurs richesses. Nous avons beaucoup vu le DRH comme un « couteau suisse » ou un « pompier de service » en cas de crise. Aujourd’hui nous comprenons qu’il peut aider à mieux anticiper certaines choses.
En vingt ans, votre pratique RH a-t-elle aussi évolué ?
Bien sûr. Hier encore, j’échangeais avec une collaboratrice sur les « accords toltèques », une philosophie qui permet d’appréhender le monde plus sereinement. Cela aurait été inenvisageable il y a quinze ans ! Je me souviens aussi d’une époque où l’on disait aux salariés de laisser leurs problèmes « à la porte de l’entreprise ». Or ce n’est ni possible, ni souhaitable. Les collaborateurs ne sont pas des machines. Nous découvrons qu’ils ont des émotions et c’est tant mieux. Nous valorisons même leur « quotient émotionnel ».
Comment travaillez-vous ?
J’essaie de connaître mes 350 collaborateurs. Pour cela, il faut sortir du bureau, car je ne conçois pas mon métier sans aller les voir dans nos 29 bureaux, répartis sur quatre départements. Il faut les voir travailler pour comprendre leurs aspirations. Il faut aussi prendre son temps, car on ne vous fait pas spontanément confiance. Pour moi, travailler dans les RH, c’est être « résolument humain »…
Est-ce un cercle vertueux ?
Oui, car à la fin, tout le monde y gagne. Gérer les richesses humaines, c’est aussi contribuer à la fidélisation des talents. Mais pour cela, il faut aussi changer la culture et les mentalités à tous les niveaux de l’entreprise. Cela vaut pour les collaborateurs avec leurs clients, comme pour les manageurs avec leurs équipes. Nous échangeons aussi entre cabinets sur ces questions, et c’est passionnant…