Les tics de langage peuvent vous desservir lors d’un entretien professionnel. Tout le monde en utilise, mais à une certaine fréquence, ils peuvent devenir agaçants pour l’interlocuteur et nuire à l’échange. Il est utile de s’en rendre compte et de les corriger. Quelques conseils pour peaufiner son expression.
La meilleure manière de modifier un comportement est de comprendre sur quoi il se fonde. Les tics de langage sont des expressions qui contribuent tout d’abord à la fonction phatique du langage, c’est-à-dire qu’ils servent à maintenir le contact, le tunnel de communication, entre les personnes qui dialoguent. Ils servent davantage à ponctuer l’échange qu’à la construction du sens.
De l’utilité à la nuisance
Ils ont également fonction de « béquilles » dans le discours, en servant de respiration permettant de réfléchir à la suite, de prendre de la distance. Par exemple, en reformulant la phrase ou la question de son interlocuteur pour avoir le temps de penser à la réponse, ou en utilisant le fameux « euh ». Très utiles quand ils sont contrôlés, ils deviennent une vraie nuisance pour l’autre quand ils ne le sont pas, quand leur fréquence est trop élevée et qu’ils viennent saturer la conversation.
Un tic de langage est, par définition, proche de l’inconscient. Deux types se distinguent : ceux qui proviennent du mimétisme dans la sphère familiale, l’école, le milieu professionnel ; et ceux subjectifs et personnels qui signalent un trait de caractère. Dans tous les cas, il faut y être attentif : soit parce que le fait de dire ce que tout le monde répète risque de vous faire paraître conformiste et banal ; soit parce que ces tics fonctionnent comme des refuges sans contenus ou génériques, des formules « à tout dire » et donc « à rien dire ».
Ces expressions sont connues : « Effectivement », « quoi », « heu », « alors », « vous voyez ce que je veux dire ? », « moi je », « du coup », « voilà », « bref », « en fait », etc. Le plus efficace est de s’écouter parler, de s’enregistrer ou de demander à un proche de vous aider à les identifier. De trouver ensuite quel rôle ils prennent et comment les remplacer. Un travail peut-être en s’interdisant tel ou tel mot pendant une à deux journées.
Le silence est d’or
Dernière astuce : ces mots viennent souvent juste combler une crainte du silence. Or, le silence et les pauses dans un dialogue permettent d’élaborer sa pensée, de temporiser son propre rythme. L’envie de combler le silence vient du fait qu’il « a tendance à nous mettre en miroir avec nous-mêmes, et donc face à l’idée que les autres se font de nous. Or, quand on n’est pas tranquille avec cette question, l’émission permanente de mots permet de l’éviter », selon le psychanalyste Saverio Tomasella. Autrement dit, en questionnant votre manière de parler, c’est vous que vous questionnez, vous que vous cernez et comprenez mieux, et comme l’on parle bien de ce que l’on connaît bien, vous mettez toute vos chances de votre côté pour l’entretien (et, en bonus, pour votre quotidien).